Langue : [ | | | | | | ]
[ Recherche avancée | Voir tous les sites ]
Recherche par :   [ Nom du site  |  Localisation administrative | Nº du site ]
[Dernière modification : 2012-01-02]
[Statut : Ok]
Emplacement :
Cambodge » Siem Reap » Siem Reap » Kôk Chak »...
Localisation : Dans le quadrant Nord-Ouest d‘Angkor Thom. Pratiquement dans l‘axe Nord-Sud du pavillon d‘entrée Ouest de l‘enceinte Nord du Palais Royal et à 60m au Nord de l‘axe Est-Ouest du temple voisin de Tep Pranam.
Nom :
Nom du site : Preah Palilay (Pr.)
[Voir le site de référence de ce groupe]
បា្រសាទព្រះប៉ាលិល័យ
Autres noms : Nom du groupe : Angkor Thom
Numéros de référence :
Nº du site : 376
Nº IK : 478
Nº d'inscription (K.) : 546
Description :
Sanctuaire qui se compose de :



1. Un temple ouvert dans les quatre directions et disposant de quatre avant-corps.

L‘ensemble est assez ruiné et la description donnée ici est celle d‘une reconstitution alors que la restauration n‘a pu être que très partielle.

Temple et avant-corps sont en grès bien que l‘on ait trouvé quelques blocs de latérite dans les parties cachées de la structure.

Le temple, proprement dit, de plan carré est une tour très élancée, mesurant 7,6m de côté, à sa base et haute d‘environ 12m, son sommet est tronqué et elle mesurait sans doute, à l‘origine, 4 ou 5m de plus.

Cette tour présente une forme extérieure assez régulière qui ne laisse deviner aucunement des étages multiples, fausses ouvertures etc. Il semble assez évident que la structure observée aujourd‘hui est, en quelque sorte, une ossature sur laquelle devait être appliqué un revêtement. Malheureusement, entre les hypothèses d‘un placage en grès mal fixé et éboulé, un revêtement en matériau périssable ou en métal vandalisé, il n‘a pas encore été possible de trancher.

On notera également, dans la structure existante, la présence de nombreux blocs en réemploi, sans pouvoir en définir la provenance exacte.

La cella intérieure, carré de 4,70m de côté, donne sur les quatre avant-corps en grès identiques très ruinés. Seul celui de l‘Est permet d‘en tirer une description un peu détaillée : avant corps voûté en berceau – en saillie, par rapport à la base de la tour, d‘environ 3m sur 5m – intérieur rectangulaire de 2m sur 3m – porte d‘accès extérieur haute de 2,60m – présence, sur chacun de ses côtés, d‘une fenêtre haute de 1,60m et possédant 3 balustres.

L‘ensemble tour-avant-corps repose sur un haut soubassement constitué de trois terrasses pouvant être gravies sur chacun des quatre côtés.

Ce soubassement est en latérite recouvert d‘un revêtement en grès mouluré.

Ainsi, la base de la tour et des avant-corps se trouvent à environ 7m au dessus du niveau du sol.



2. Un mur d‘enceinte en latérite, le temple se trouve au centre de cette enceinte carrée de 50m de côté.

Ce mur à chaperon, assez ruiné lui aussi, faisait 2,40m de hauteur et 0,65m d‘épaisseur environ.

Une poterne est présente au milieu de la partie Sud de ce mur, la présence d‘une entrée identique, au Nord, parfois représentée sur les plans, est probable mais n‘est pas mentionnée dans les rapports archéologiques.



3. Un pavillon d‘entrée au centre du mur d‘enceinte Est.

Construit en grès sur fondations en latérite, il a bénéficié d‘une très bonne restauration par anastylose en 1937 et 1938.

Il s‘agit d‘un pavillon à triple passage et deux avant-corps à voûtes en berceau. Ses dimensions en plan, hors œuvre, sont de 9m40 sur 7m25 et sa hauteur maximale est de 12m au niveau du sommet des pignons de son corps central. Celui-ci est une tour carrée avec voûte en berceau, terminée, dans le sens du passage, par deux pignons.

La salle centrale est un carré de 2,40m de côté, les salles latérales sont beaucoup plus petites, leurs voûtes sont également en berceau, orientées perpendiculairement à l‘axe des voûtes centrales.

On accède à ces salles, qui constituent les passages Est-Ouest par des escaliers, larges de 1,50m au centre et moitié moins larges sur les côtés. Les marches sont comprises entre murs d‘échiffre moulurés et permettent de gravir le soubassement en grès, également mouluré, haut de 1,30m environ.

Les portes latérales Nord et Sud sont beaucoup moins hautes et nettement plus étroites que les portes centrales. Toutes sont dotées de colonnettes, de linteaux et de frontons sculptés.

Deux fenêtres, sans trace de balustres, éclairent latéralement l‘avant-corps Est. Celles, de mêmes dimensions, de l‘avant-corps Ouest sont des fausses fenêtres.

Les pignons Nord et Sud présentent la particularité de posséder deux frontons superposés, situés sur le même plan vertical.

Par ailleurs, il ne subsiste pas de trace de chaussée reliant le temple à l‘avant-corps Ouest du pavillon d‘entrée.



5. Une chaussée, non dallée, longue de 33m et large de 7m environ, part de l‘escalier central Est du pavillon. Elle masque une partie de cet escalier et du soubassement situé de part et d‘autre. Cette chaussée a été sans doute conçue et réalisée en même temps, mais certainement pas plus tard, que le pavillon car les moulures du soubassement sont interrompues à l‘endroit de son raccordement à la chaussée.

Elle était maintenue, sur ses côtés Nord et Sud, par des murets de latérite hauts de 60cm, en très mauvais état. Sur son côté Sud, ont été retrouvées des dalles de grès, posées sur chant, décorées d‘oies sacrées (hamsa).

Une grande statue de Buddha assis, de trois mètres de hauteur (base comprise), a été installée sur cette chaussée, elle est de période tardive.



6. Une terrasse cruciforme, dans le prolongement de la chaussée, d‘une trentaine de mètres de long et large de 8m environ.

Les branches latérales sont plus courtes, leur longueur globale Nord-Sud est de 20m environ.

Dallée de grès, elle est disposée sur deux niveaux. Le premier, à une hauteur de 1,05m au dessus du sol, constitue la partie pourtournante, assez étroite (de l‘ordre de 1m), 0,55m plus haut, se situe la partie principale de la terrasse.

Chacun des deux niveaux possède ses balustrades à nâga, dans les quatre directions cardinales.

L‘ensemble de cette terrasse repose sur un soubassement revêtu de grès mouluré.

On accède au niveau supérieur de la terrasse par des perrons avec murs d‘échiffre. Le perron Ouest n‘existe pas car la terrasse se raccorde, ici, directement avec l’extrémité Est de la chaussée.

Un lion assis, haut de 1,50m, est visible sur le massif d‘échiffre Nord du perron Est. Un peu plus en hauteur, dans la partie Sud de ce même perron, sont également visibles les deux pieds d‘une statue de gardien (dvârapâla), ce sont les seuls restes des deux statues de gardiens qui étaient autrefois placées, successivement, sur la chaussée puis au sommet de ce perron Est.





Iconographie :

Du temple (1), (5) :

Les bas-reliefs présentent un mélange de scènes bouddhiques et brahmaniques.

Le temple ne laisse plus voir aucun fronton en place, mais sur les nombreux fragments retrouvés au cours des travaux de dégagement, alternent les Buddha et les divinités brahmaniques, de même que sur les linteaux des portes d‘accès.

Parmi ceux-ci deux sont encore en place, celui de la porte Est figure Indra sur l‘éléphant tricéphale (Airavata), à l‘Ouest c‘est Brahma qui trône au dessus d‘une oie sacrée (hamsa) également tricéphale.

Les deux autres linteaux (Nord et Sud), retrouvés dans les déblais, offrent des représentations de Buddha. Sur celui attribué à la porte Sud, Buddha est debout entre deux personnages agenouillés.



Du pavillon d‘entrée (6), (7), (8) :

Cet édifice se compose donc d‘un corps central, avec ses deux avant-corps, et de deux ailes latérales Sud et Nord.

Le corps central possède deux frontons, l‘un, au dessus de l‘entrée principale à l‘Est, l‘autre au dessus de la porte centrale à l‘Ouest.

Chacune des ailes possède quatre frontons, deux, superposés, sur leurs pignons (Sud et Nord) et un au dessus de chacune des portes latérales Est et Ouest.

Soit au total dix frontons.

Ils ont tous pu être reconstitués et peuvent ainsi proposer une iconographie tout à fait remarquable.

Tous représentent des scènes bouddhiques, non bûchées, qui participent au travail de datation (cf supra).



- Les quatre frontons de l‘aile Sud sont inspirés par le même sujet. Il s‘agit, en l’occurrence, de la représentation du Buddha, assis sous un arbre, prenant la terre à témoin dans la position dite bhumisparsa mudra et entouré d‘adorateurs. Ils surmontent, tous les quatre, un registre d‘orants.



- Le fronton Est du corps central représente Buddha debout, également flanqué d‘adorateurs, l‘ensemble est placé également au dessus d‘un registre d‘orants.

- Le fronton Ouest de ce même corps central montre des femmes groupées sous de grands arbres et semblant présenter des enfants, assis sur leurs genoux, à un Buddha debout, tandis que des éléphants passent dans la forêt.



Les quatre frontons de l‘aile Nord sont tous différents et consacrés à quelques épisodes de la vie du Buddha.

- Le fronton Est représente l‘offrande des animaux de la forêt, éléphants, singes et paon. Le Buddha est assis « en tailleur », dans la posture dite de « l‘attitude noble » (sattvaparyanka).

- Le fronton Ouest montre Buddha, assis sous un arbre, également en sattvaparyanka, une main pendante en varadra mudra (geste du don suprême) semble-t-il. Derrière lui et de part et d‘autre deux personnages portent un parasol, à sa gauche est assis un adorant tandis qu‘à sa droite une jeune femme, probablement Sujâtâ, présente une offrande.

- Le fronton inférieur du pignon Nord montre le Buddha debout et marchant, la main droite baissée reposant sur la tête d‘un éléphant accroupi : au fond se voit l‘éléphant chargeant, trompe levée, l‘évènement fameux de la vie du Buddha qui apaisa Nalagiri, l‘éléphant furieux que son cousin Devadatta avait envoyé pour l‘attaquer.

- Le fronton supérieur de ce même pignon représente, au dessus d‘une rangée d‘orants, une scène dont l‘identification est controversée (6) (7) (8). On peut y voir le Buddha assis en sattvaparyanka et effectuant probablement la samadhi mudra (geste de la méditation). De part et d‘autre du Buddha un personnage debout, vu de profil, lève le bras et touche, d‘un objet indistinct, mince et long, le côté de la tête du Buddha.

On a pu y voir «  une statue du sage assis jaillit de la pierre sous le ciseau de deux sculpteurs au travail » (6). La controverse provient alors de l‘hétérogénéité des représentations des frontons. Neuf d‘entre eux retracent des scènes de la vie de Buddha alors que le dixième ne représenterait qu‘un acte purement matériel et technique ;
ceci semble en effet peu cohérent. Il pourrait, au contraire, s‘agir d‘une représentation « du Buddha agressé … évoquant la grande leçon du bouddhisme selon laquelle c‘est seulement par l‘activité de l‘esprit que l‘on peut progresser dans la voie juste et parvenir à l‘Éveil » (7) (8).





Épigraphie :

Des graffiti ont été signalés dans les éboulis du temple, trois d‘entre-eux, d‘une ligne chacun, ont été enregistrés sous le numéro unique K. 546.





Datation :

L‘époque de construction de ce sanctuaire et le nom du roi, sous le règne duquel il fût édifié, ne sont pas connus avec certitude.

La majorité des hypothèses repose sur la nature des sculptures que l‘on peut observer, tant sur le temple que sur le pavillon d‘entrée.

Le temple semble faire à peu près parts égales aux religions brahmanique et bouddhique alors que le pavillon d‘entrée est entièrement dédié au Buddha (1), comme l‘attestent les nombreuses scènes bouddhiques figurant sur les frontons des portes d‘accès ainsi que sur ceux des pignons Nord et Sud.

Longtemps daté de la fin du 12ème siècle ou du début du 13ème, sous le règne de Jayavarman VII (2), le fait qu‘aucune des nombreuses représentations de Buddha n‘ait été bûchée, ni sur le temple ni sur le pavillon d‘entrée, lors du règne postérieur de Jayavarman VIII, hindouiste intransigeant, plaide pour une datation nettement plus tardive. Le 14ème siècle et le règne de l‘un des successeurs de Jayavarman VIII pourraient être retenus (3).

Un autre argumentaire, allant dans ce sens, en particulier pour ce qui concerne le pavillon d‘entrée, repose sur l‘analyse stylistique des images (vêtements et figuration propre au bouddhisme Theravada d‘essor tardif) (4).

Quelle que soit la date d‘édification du sanctuaire, il est de fait que la construction du pavillon d‘entrée est certainement postérieure à tout ou partie du reste du sanctuaire. En effet ce pavillon a été construit à cheval sur le mur d‘enceinte en latérite qui, en particulier, traverse le pignon Sud sur toute son épaisseur (5).





(1) Le temple de Prah Palilay, H. Marchal, BEFEO, 1922, pp. 101-134.

(2) Les monuments du groupe d‘Angkor, M. Glaize, 1944.

(3) Les derniers siècles d‘Angkor, Cl. Jacques, 1999.

(4) Jayavarman VII ou le renouveau d‘Angkor, C.Hawicxbrock, BEFEO, 1998

(5) EFEO, Rapport de la Conservation, 1918 et 1937.

(6) Le gopura de Práh Pàlilai, M. Glaize, BEFEO, 1940.

(7) Note d‘iconographie khmère : un fronton du Gopura de Prah Palilay, Cahiers de la Société d’études euro-asiatiques, M.Benisti, 1992.

(8) Identification d‘un fronton bouddhique khmer et la relecture qu‘elle suscite, Bulletin d‘études indiennes, M.Benisti, 1991.



J. Renouard, janv. 2012





Localisation approximative (Ver. beta)
Photos
Voir documents associés
 

Tous droits réservés © 2007
Ministère de la Culture et des Beaux-Arts : www.mcfa.gov.kh, info@mcfa.gov.kh