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[Dernière modification : 2011-11-03]
[Statut : Ok]
Emplacement :
Cambodge » Siem Reap » Siem Reap » Nokor Thom »...
Localisation : Dans le quadrant Nord-Est d‘Angkor Thom, sur le côté Est de la place royale.
Nom :
Nom du site : Suor Proat (Pr.)
[Voir le site de référence de ce groupe]
បា្រសាទសួរព្រ័ត
Autres noms : Suor Prat (Pr.) Nom du groupe : Angkor Thom
Numéros de référence :
Nº du site : 1150
Nº IK : 480.04
Nº d'inscription (K.) :
Description :
Les Prasat Suor Proat (PSP) constituent un ensemble de douze tours. Six tours sont situées au Nord de l‘avenue de la Victoire. Les six autres, au Sud, sont dans une disposition symétrique.

Chaque groupe comprend cinq tours alignées sur un axe Nord-Sud, la sixième est située légèrement en retrait vers l‘Est.

Elles peuvent être numérotées de N1 (celle en retrait) à N6 pour le groupe Nord et de S1 (celle en retrait) à S6 pour le groupe Sud.



Toutes les tours ne sont pas équidistantes et les écarts se retrouvent aussi bien dans le groupe Nord que dans le groupe Sud.

Les distances (entre axes) entre N2 et N3, entre N3 et N4 et entre N5 et N6 sont de 40 m environ (il en est de même pour S2-S3, S3-S4 et S5-S6). Par contre la distance entre N4 et N5 (comme celle entre S4 et S5) est plus faible et n‘est que de 32 m environ. Ces tours 4 et 5 sont celles qui encadrent l‘axe Est-Ouest des deux Khleang.

Les deux autres tours, N1 et S1 sont en retrait vers l‘Est, par rapport à l‘axe Nord-Sud des 10 autres tours, d‘une distance de 25 m environ et décalées (N1 par rapport à N2 vers le sud et S1 par rapport à S2 vers le Nord) de 8 m environ. Les ensembles N1-N2-N3 et S1-S2-S3 encadrent ainsi une partie des rives, toutes proches des deux Srah, respectivement Andong (au Nord) et Ta Set (au Sud)



L’écart de distances entre les axes des tours, qui est la même au Nord et au Sud, est probablement lié à l’antériorité des Khleang et des Srah par rapport aux Prasat Suor Proat.

- les 2 Khleang et les 2 Srah sont construits.

- la construction des 12 tours est décidée.

- pour des raisons de cohérence géométrique, 2 encadreront l‘axe Est-Ouest du Khleang et 2 autres seront centrées sur le Srah, en prolongement de ses berges, et donc distantes de 40 m.

Il était alors impossible de construire 5 tours équidistantes de 40 m, dont deux auraient été placées symétriquement par rapport à l‘axe du Khleang.



Enfin, la terrasse cruciforme du Khleang nord, qui est bien postérieure, entraîne la destruction de celle qui solidarisait les Prasat Suor Proat.



Les 12 tours sont très semblables dans leur construction. Ce sont des tours de section rectangulaire, bâties par empilement de blocs de latérite en structure pyramidale. La partie principale comporte 3 niveaux. Elle est précédée d‘un avant-corps également construit en latérite.

Leur accès se fait par l‘Ouest, pour les 10 tours de l‘axe Nord-Sud, par le Sud pour la tour N1 et par le Nord pour la tour S1.

Pour ce qui concerne les ouvertures, les avant-corps disposent, outre l‘entrée, de deux fenêtres (orientées vers le Nord et le Sud) pour les 10 tours alignées. Toujours en ce qui les concerne, la cella comporte trois fenêtres, plus grandes que les précédentes, orientées Nord, Est et Sud. Des ouvertures analogues sont présentes sur les deux tours en retrait N1 et S1.

En ce qui concerne les toitures, de très nombreux débris de tuiles ont été trouvés, aux abords de certaines tours. Il semblerait qu‘elles proviennent de la couverture des avant-corps, aucune certitude en ce qui concerne la couverture des tours elles mêmes.



Le grès est également présent sur ces tours. Il s‘agit pour l‘essentiel :

des cadres et linteaux des ouvertures (fenêtres et porte d‘accès à l‘avant-corps),

des pilastres situés de part et d‘autre de l‘entrée,

du dallage intérieur des cellas,

des balustres présents en assez grand nombre à l‘ensemble des fenêtres (en particulier sur la tour S5),

des antéfixes placés aux 4 angles des bases des niveaux 2 et 3,

des frontons situés en partie haute de chaque niveau, sur les 4 façades, 2 frontons supplémentaires étaient disposés en saillie, au dessus du 3e niveau, sur les seules façades Est et Ouest (Nord et Sud pour les tours N1 et S1) et formant pignons. Un dernier fronton était sans doute présent au dessus des pilastres de l‘entrée de l‘avant-corps, mais aucun ne subsiste.



Globalement, les éléments en grès (en particulier, frontons et antéfixes) sont peu ou assez grossièrement ouvragés et ne donnent pas l‘impression d‘une finition très soignée.



En ce qui concerne les dimensions de ces tours, elles devaient être assez voisines, à l‘origine, d‘une tour à l‘autre. Certaines restaurations incomplètes n‘ont pas pu reconstituer, en particulier, la hauteur totale des édifices.

Les dimensions ci-après, légèrement approximatives, sont relatives à la tour N1 :

hauteur : 18 m [d‘autres tours, non totalement restaurées, peuvent être moins hautes de quelques mètres].

base de la tour proprement dite : 9 m (façade Est ou Ouest) x 8 m (façade Nord ou Sud)

intérieur de la cella : 6,5 m x 5 m.

avant-corps s‘avançant de 3,5 m sur une largeur de 4 m.

intérieur de l‘avant-corps : 2,5 m x 2,8 m.



Datation des PSP : La date de construction des PSP est un sujet, pour le moins, controversé.

- Jusque vers le début des années 2000, il était couramment admis que les tours remontaient à «l‘époque du Bayon» (c‘est-à-dire au règne de Jayavarman VII) en raison d‘un ensemble d‘éléments : nature des matériaux – qualité ou défaut des finitions … , soit, globalement pour des motifs architecturaux ;
repoussant même parfois leur date de construction au règne d‘Indravarman II (fils de Jayavarman VII). (Angkor Cité Khmère, Cl. Jacques et M. Freeman (Olizane) - Angkor, M. Albanese, National Geographic) voire à celui de Jayavarman VIII (Les derniers siècles d‘Angkor, Cl. Jacques, Comptes-rendus des séances de l‘Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1999, vol.143, n°1 p. 375).

- De leur côté, B. Dagens et Ch. Hawixbrock ont estimé que toutes les tours ne dataient pas de la même époque. Deux d‘entre elles (orientées vers l‘Ouest, mais sans préciser lesquelles) dateraient de l‘époque des Khleang (fin 10e - début 11e siècle). Les dix autres auraient été bâties par Jayavarman VII (soit près de 200 ans plus tard). (Jayavarman VII ou le renouveau d‘Angkor, Chistine Hawixbrock, BEFEO 1998 - Angkor, un musée vivant UNESCO 2002-1 Histoire du site d‘Angkor, Bruno Dagens).

- Depuis les fouilles très importantes et l‘examen des matériaux à l‘intérieur et autour de certaines tours (en particulier les tours N1, N2 et N3) réalisées par les équipes de la JSA, jusqu‘en 2005, une autre hypothèse est avancée.

Sans trop entrer dans les détails, l‘analyse au Carbone 14 de fragments de charbon de bois et la datation de très nombreux débris de poteries et céramiques (dont les fours d‘origine et les périodes de fabrication ont pu être définis), ont convaincu des chercheurs de l‘université Waseda (Japon) que la période de construction des PSP se situait entre 1080 et 1160 soit, approximativement à «l‘époque d‘Angkor Vat», c‘est à dire sous le règne de Suryavarman II (1113-1150).



JSA (Japanese Government Team for Safeguarding Angkor)

- The Royal plaza and Prasat Suor Prat

Prasat Suor Prat and terraces at the Royal Plaza of Angkor Thom, Y. Akazawa, 2005.

- Japan-APSARA Safeguarding Angkor Restoration Project of Prasat Sour Prat, N1 Tower and N2 antechamber.

- Significance of digital reconstruction of historic buildings using 3d laser scanner, Case study : Prasat Suor Prat N1 tower, O. Yamada & al.

- Archaeological study on the successive modification and chronological order of the Prasat Suor Prat terrace in front of the royal plaza, Angkor Thom, Kou Vet, Waseda University, 2007.



On peut imaginer que la polémique n‘est pas près de s‘éteindre et que de nouveaux éléments devront être rassemblés pour arriver à une quasi certitude relative aux dates.





Modifications - Terrasses



Au cours des siècles qui ont suivi leur construction, les tours ont subi des modifications. La plus manifeste est celle qui concerne l‘entrée de l‘avant-corps et qui peut être observée aujourd‘hui.

Sur l‘ensemble des tours (à l‘exception d‘une seule : S6) les montants latéraux, en grès, de l‘entrée ont été ré-haussés d‘une façon très notable (1m et parfois nettement plus). Cela s‘est fait avec des matériaux de réemploi (du grès, le plus souvent) sous forme de blocs empilés sur les montants existants. Naturellement, cela a entraîné le rehaussement d‘autant du linteau et une modification de la façade de l‘avant-corps.

Simultanément, le seuil de l‘entrée a été surélevé en empilant des blocs de grès ou de latérite [sur toutes les tours, sauf, semble-t-il la tour S6, il est vrai, très ruinée], créant ainsi une marche très haute pour pénétrer dans l‘avant-corps. Le niveau du sol intérieur de cet avant-corps a été remblayé ce qui l‘a fait remonter au niveau de celui de la cella, dont il était initialement en contre-bas.



A l‘époque de la construction des tours et des avant-corps, une première terrasse a été établie. Réalisée en parpaings de latérite, recouverts de dalles de grès, elle solidarisait les PSP selon un axe Nord-Sud puis faisait un coude vers l‘Est pour passer également devant les tours en retrait.

D‘une largeur de 6 m environ, il s‘agissait, en quelque sorte, d‘une allée de liaison entre les PSP.

En pratique, les tours elles mêmes n‘étaient pas solidaires de cette terrasse mais situées, en retrait, sur leur propre soubassement. Par contre, environ la moitié avant des avant-corps reposait sur cette terrasse.

Cette terrasse était à un niveau supérieur à celui du sol situé plus à l‘ouest. Des marches en latérite permettaient d‘y accéder.

La datation de cette terrasse la situerait (datation au Carbone 14) entre 1080 et 1160 et indiquerait, par voie de conséquence, la date des PSP, c‘est à dire la «période d‘Angkor Vat».



Une deuxième terrasse est venue se superposer à la précédente;
un peu plus large, elle présentait de plus des avancées cruciformes vers l‘Ouest. Curieusement, un petit Srah carré, de 25 m de côté, environ, fût creusé devant la terrasse entre les tours N2 etN3. Il n‘est plus visible à présent.

La même méthode de datation associée à la prise en considération des fragments de poteries trouvées lors des fouilles, situerait sa construction entre 1170 et 1220.



Une nouvelle modification, au cours de la première moitié du 14e siècle, a vu s‘élargir notablement la terrasse par endroits et a dû entraîner des travaux importants de remblai et de soutènement.



Un dernier aménagement, nettement plus récent, eut lieu, fin 16e ou 17e siècle, avec la réalisation d‘avancées, non cruciformes, devant les tours, tout ceci sans grand soin. Nettement plus élevée que ne l‘était la terrasse du premier stade, c‘est elle qui a entraîné la forte modification du seuil d‘accès aux avant-corps décrite précédemment et visible aujourd‘hui. C‘est aussi à cette période, ou un peu avant, qu‘aurait été construite la terrasse cruciforme du Khleang Nord, construction qui entraîna la destruction, à cet emplacement, des premières réalisations de terrasses des PSP.





Vocation des PSP



Si la controverse est présente en ce qui concerne la datation des PSP, c‘est une totale inconnue concernant la vocation de ces tours, dédiées à Vishnu d‘après les éléments sculptés retrouvés à l‘intérieur de nombre d‘entre elles.



Une des versions les plus fréquemment citées, mais très peu vraisemblable, se rapporte au nom de ces tours, Prasat Suor Proat ou Tours des danseurs de corde, évoquant des spectacles de funambules sur des cordes tendues entre les tours sur les quelles aucune trace d‘attaches n‘a d‘ailleurs été détectée. On doit noter que ce nom, et donc aussi sa traduction, n‘est cité ni par de Lajonquière en 1911 dans le tome 3 de son Inventaire descriptif des monuments du Cambodge ni par Zhou Daguan (Tcheou Ta-Kouan), le diplomate-visiteur-chroniqueur, présent sur place en 1296-1297 dans ses célèbres Mémoires sur les coutumes du Cambodge.



Ce dernier prête aux PSP le rôle de cellules où s‘exercerait une sorte de jugement divin : « En face du palais royal, il y a douze petites tours de pierre. On fait asseoir chacun des deux hommes dans une tour, et les deux hommes sont surveillés, l‘un l‘autre par leur parenté. Ils restent un ou deux jours, ou bien trois ou quatre jours. Quand ils sortent, celui qui a tort ne manque pas d‘avoir attrapé quelque maladie, soit qu‘il lui vienne des ulcères, ou qu‘il attrape catarrhe ou fièvre maligne. Celui qui a raison n‘a pas la moindre chose. Ils décident ainsi du juste ou de l‘injuste, c‘est ce qu‘ils appellent le "jugement céleste" » [version également très suspecte. Pourquoi 12 tours ? Pourquoi 2 tours en retrait ? Pourquoi ces dimensions ? Pourquoi des constructions en pierre ? etc].



Sans faire plus de cas de l‘hypothèse, totalement irréaliste, selon laquelle ces tours auraient servi «d‘écuries» [J. Moura - Le royaume du Cambodge, t.2 -1883 p. 274 «C‘était là vraisemblablement qu‘étaient logés les éléphants blancs, lorsqu‘on avait le bonheur d‘en posséder ...»], il convient de citer encore une autre hypothèse.



Ces tours auraient pu servir à accueillir les hauts dignitaires ou hôtes de marque, installés là, comme dans des loges, pour assister aux défilés, parades et cérémonies se déroulant sur la place royale [certes, l‘emplacement de ces tours -à l‘exception des 2 tours en retrait - et le grand nombre d‘ouvertures de la cella et de l‘avant-corps peuvent accréditer cette thèse mais on peut s‘étonner de la présence de «tribunes» construites avec de tels matériaux alors que les tribunes royales, sur la terrasse des éléphants et aujourd‘hui disparues, étaient en matériaux périssables]. Le doute subsiste donc quant à la vocation de ces PSP. Ils pourraient avoir eu une destination religieuse dont la nature exacte reste encore à découvrir. (J. Renouard, 2011)

Localisation approximative (Ver. beta)
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